Le solaire thermique, un potentiel sous-exploité

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Le solaire thermique, un potentiel sous-exploité

Le cabinet de conseil indépendant Carbone 4, dirigé par Jean-Marc Jancovici, Alain Grandjean et Laurent Morel, a publié un rapport intitulé « Chaleur renouvelable : la grande oubliée de la stratégie énergétique française ? ». Cette étude approfondie met en lumière l’importance majeure et largement méconnue de l’énergie sous forme de chaleur, et ses filières complémentaires locales et matures qui sont d’ores et déjà prêtes à se déployer massivement en France pour la décarboner. Parmi elles : le solaire thermique.

D’après le rapport, le solaire thermique ne représente que 0,2 % de la consommation finale de chaleur tandis que 61 % de la chaleur produite en 2017 l’a été à partir de sources fossiles. Une partie de l’étude de Carbone 4 est dédiée au financement de la chaleur renouvelable et propose des pistes d’amélioration, inspirées notamment d’exemples européens : Pays-Bas, Suisse ou encore Danemark, pays le plus avancé d’Europe en matière de solaire thermique : « Sur la période 2017-2021, il y a eu cinq fois plus de kW de solaire thermique installé par m² et par habitants au Danemark qu’en France ».

Un rapport sur le solaire thermique approuvé par la société Newheat

Newheat est un fournisseur de chaleur d’origine renouvelable exploitant six installations solaires thermiques, qui lutte pied à pied pour faire connaître la pertinence de la chaleur renouvelable, et plus particulièrement de la chaleur solaire thermique, aux collectivités, aux industriels et aux institutionnels français et européens. L’entreprise se réjouit de la publication par Carbone 4 de ce panorama qu’elle juge « le plus complet et le plus clair à ce jour sur le sujet ». Estimant que le mix énergétique de demain sera nécessairement plus varié que l’actuel, elle déclare que pour permettre un déploiement massif des filières de la chaleur renouvelable, une planification adaptée aux usages est nécessaire, ainsi qu’un renfort et une simplification de l’accès aux mécanismes de soutien public déjà existants. « Nous remercions le pôle Energie de Carbone 4 pour la qualité du travail effectué. Ce rapport est celui qui manquait pour servir de référence sur la chaleur renouvelable en France. Nous espérons désormais qu’un maximum d’acteurs concernés par ce sujet pourra en prendre connaissance : nos gouvernants et décideurs politiques, pour planifier et intensifier les efforts de soutien public, les grands consommateurs et leurs conseils/bureaux d’études, pour découvrir la variété et la qualité des solutions de chaleur renouvelable qui existent déjà et peuvent apporter des solutions robustes, efficaces et compétitives à leurs enjeux actuels de transition énergétique… La chaleur renouvelable doit prendre la place qui est la sienne dans la nouvelle stratégie énergétique française ! », commente Hugues Defréville, co-fondateur et président de Newheat.

Quelques extraits du rapport de Carbone 4

  • « Si l’on considère les usages finaux de l’énergie, ce ne sont plus les transports mais les besoins en chaleur qui occupent la tête du podium (45 % de l’énergie finale) ».
  • « 38 % de chaleur renouvelable en 2030. C’est l’objectif affiché par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui détaille les ambitions par filière. A date, seul le déploiement des pompes à chaleur aérothermiques semble se dérouler à la bonne vitesse. La part de renouvelable n’était qu’à 23 % en 2020, un changement de régime rapide et ciblé s’impose ».
  • « Parmi les filières sans combustion, deux d’entre elles ont une zone de pertinence technique et économique en particulier pour alimenter des réseaux de chaleur et les procédés industriels basse température : la géothermie et le solaire thermique (respectivement 5 % et 1 % de la chaleur renouvelable produite en 2020) ».
  • « En 2020, la production totale de chaleur renouvelable solaire s’élève à 1,24 TWh en France métropolitaine, (…) ce qui représente 0,2 % de la consommation finale de chaleur ».
  • « (Le) fonds chaleur a une dotation en 2022 de 370 millions d’euros (…). Cela apparaît faible devant les 24 milliards d’euros dépensés dans le bouclier tarifaire français sur le pétrole, l’électricité et le gaz pour l’année 2022 qui ne soutiennent aucune transformation du système énergétique ».
  • « Les filières de la géothermie et du solaire thermique pourraient gagner en vitesse de développement, si les bureaux d’étude, notamment, les incluaient systématiquement dans leurs propositions de dimensionnement ».

> Consulter le rapport « Chaleur renouvelable : la grande oubliée de la stratégie énergétique française ? » de Carbone 4